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Anne Carleton, chanteuse et plasticienne, invite son ami contrebassiste Jean-Philippe Viret, avec lequel elle joue depuis une quinzaine d'années, à lui écrire des compositions sur ses textes. La semaine suivante, il a déjà composé "Le temps" et "Confusion".

 

Sensible depuis le tout début de sa carrière à l'univers de la pianiste de jazz Carine Bonnefoy, Anne lui soumet ses textes. Carine lui compose immédiatement le thème "Why are you gone".

 

Le monde entier se bat pour recevoir à la télévision, à la radio et lors de conférences, l'éminent philosophe et sociologue Edgar Morin. Elle l'a rencontré et interviewé, chez lui. Morin serait-il le nouveau Slammer à découvrir ? Bien-sûr que oui ! Elle nous le prouve en lui demandant non pas de chanter, mais de mêler sa voix à ses chansons. 

 

"J'ai lu "Mes démons" d'Edgar Morin, à un moment où je me sentais cloisonnée, enfermée dans la création. Eprise de liberté, je souhaitais dépasser les limites de ma propre vie. Chacun de nous peut ressentir les limites qu'il se crée ou les limites qu'impose la société. J'ai trouvé dans la pensée d'Edgar, l'humilité, l'ouverture, l'intelligence et l'espoir. Une résonnance à ma pensée et des réponses à chacune de mes questions. A ce moment-là, il m'est apparu comme impossible de faire mon disque sans lui". Morin se livre, avec une grande générosité et laisse à Anne, en toute confiance, la totale liberté d'utiliser sa voix, sans aucun désir de contrôle, sans peur d'une mauvaise utilisation de son image."L'homme porte le mystère de la vie, qui porte le mystère du monde" Edgar Morin

 

Anne choisit d'enregistrer le disque So high, au Studio de Meudon avec ses amis et accompagnateurs complices de choix depuis longtemps, le pianiste Laurent Guanzini et le conterbassiste Benoit Dunoyer de Segonzac qui lui propose de composer le quatuor à cordes.

 

C'est ainsi que se réunit un quatuor à cordes de choc : l'éminent altiste Jean-Marc Apap, Antoine Di Pietro, la violoncelliste Miwa Rosso, la violoniste Akémi Fillon. 

 

 

 

*

 

 

 

 

J

Prendre la clef des champs

« Le thème du disque m’apparaît au fur et à mesure du temps; lorsque dans ma quête d’ouverture et de liberté, je me sens freinée par mon propre enfermement. À la recherche de réponses aux différentes questions que je me pose, je me plonge dans les ouvrages du philosophe et sociologue Edgar Morin. Passionnée par sa pensée, je lui propose de le rencontrer et d’enregistrer notre conversation pour l’utiliser dans mon disque. « L’enfermement psychique est-il plus douloureux que l’enfermement physique ? Comment survit-on à l’enfermement ? Qu’est-ce que la prison ?... font partie des sujets que nous développons. Il m’a été impossible d’imaginer mon disque sans Edgar Morin; Il me tenait à cœur de lier ses mots à ma musique. Il a accepté d’y participer, en toute confiance et en me laissant toute liberté.

 

Parallèlement, j’enregistre les pas de gardiens dans une prison, dans le but de construire une base rythmique, ainsi que le bruit des verrous, des portes qu’ils ouvrent et referment sans cesse; de leur trousseau de clefs. Le « trousseau du pouvoir», symbole de la sécurité, de l’enfermement et de la liberté : cliquetis à craindre ou à aimer, ce bruit, alors que je suis pas à pas le gardien, micro en main, se transforme immédiatement dans mon imaginaire en goutes de pluie qui caressent les toits de taule dans la moiteur d’un soir de printemps. C’est donc de cette manière que je l’utiliserai : en le transcendant.

 

Attachée aux sens multiples, aux détournements, au décalage, je fais appel à un esprit ludique et lumineux : un Rêveur, fou de bruits, son rôle est de créer tout un petit monde autour des chansons, d’assurer la cohérence entre elles à partir de la voix d’Edgar Morin et des sons pris en prison, et de nous faire entrer dans une histoire, tout comme on entrerait dans un film.

 

Autour de la voix, des cordes : violoncelle, violon, deux altos, contrebasse et piano. Ces instruments deviennent outils de percussions, boîtes à bruits, boites à sons. On est dans le jeu, au sens le plus large du terme, dans la plus grande liberté. 

 

Depuis longtemps,  je m’intéresse à l’interaction entre l’homme et l’espace dans lequel il se trouve, à la manière dont on vit ou l’on survit, à la condition humaine en général. Je me pose souvent la question du choix, de la manière dont on utilise notre liberté, de la liberté qu’il nous reste lorsque l’on est physiquement enfermé, et précisément à la force à déployer pour survivre à l’enfermement. La toute dernière chanson «Le miracle» a été composée à partir  de sons que j’ai recueillis en cellule et hors cellule carcérale, j’ai travaillé sur le ressenti.

 

Il était indispensable pour moi, d’apporter la douceur « Inchworm », l’enfance « Dans les airs », le masculin « A corps et à cris » la légèreté avec la voix de Prune L « Norwegian wood », l’espoir « So high ».

Avec Eric Moulineuf, nous avons travaillé les ambiances, l’atmosphère générale du disque. Nous l’avons pensé comme un film. Tous les thèmes sont liés, chaque son en appelle un autre, cela respecte la loi de causalité, c’est un focus sur un moment de vie."

 

Anne Carleton

 

 

 

"Lorsque je peins, j’utilise mes doigts, ou directement les tubes, je mélange mes peintures avec des matières comme le sable, la terre, du papier journal... Une couleur en appelle une autre, un trait en appelle un autre. Je recherche l’équilibre et ne m’arrête que lorsque je l’ai trouvé. De la même manière, je joue avec les sons, je les enregistre, mes mains écrivent d’un trait et suivent une aventure intérieure, les mélodies arrivent ; A ce moment là, je ne suis plus que dans l’émotion.

 

A travers le chant, la peinture, j’éloigne l’impossible, tente d’éviter mon propre enfermement en cherchant à aller toujours plus haut, d’où le choix du titre de mon disque «So high», et je cultive l’espoir, le rêve, l’amour, la mise en danger, l’épreuve et le dépassement de soi. Cela m’a amenée à croiser la pensée du philosophe Edgar Morin. J’y ai trouvé un echo à ma propre voie et des réponses à mes questionnements. Il me tenait à cœur de le rencontrer et de lier ses mots à ma musique. J’ai eu cette chance, et il est devenu le fil conducteur de mon histoire. Il est en quelque sorte ma conscience idéale.

 

Je suis passionnée par le sens que chacun donne à sa vie, et par cette confusion incontournable dans toutes les relations, qu’est l’interprétation. «Liberté» est le mot que j’ai choisi pour interroger différentes personnes à l’intérieur d’une oeuvre, « Le jardin » de Jean Dubuffet. C’est ainsi qu’est né le thème «Beaubourg 28.02.13».

 

 

YOUR SKIN

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